« C’est un art de la gravité, de l’héroïsme, de la vertu civique. Il a su épouser la Révolution, décorer le Directoire, illustrer le Consulat et donner à l’Empire napoléonien son décor », résume M. Fumaroli, membre de l’Académie française.
Le néo-classicisme est un mouvement artistique qui s’est développé dans la peinture, la sculpture, l’architecture et les arts décoratifs entre 1750 et 1830 environ. Né à Rome au moment où l’on redécouvre Pompéi et Herculanum dans les années 1730, le mouvement se propage rapidement en France par l’intermédiaire des élèves peintres et sculpteurs de l’Académie de France à Rome.
Durant cette période, les connaissances sur l’Antiquité se précisent ; grâce à l’archéologie, on découvre l’Antiquité sous une forme qui restait jusque-là inconnue. En particulier, l’art grec se dévoile, alors qu’on le connaissait uniquement sous son adaptation romaine. Après la publication en 1764 de l’Histoire de l’art chez les Anciens de Johann Joachim Winckelmann, où l’auteur vante la grande liberté dont disposent les artistes grecs, le retour à l’Antique prend une dimension politique, critique envers la monarchie.
Cette expression nouvelle d’un style ancien veut rallier tous les arts à ce qu’on appelle alors « le grand goût ». Le néoclassicisme s’illustre par un retour à la vertu et à la simplicité de l’antique après le baroque et les frivolités du rococo des années 1730 à 1760. L’Antiquité a alors valeur d’exemple et l’on vit à la mode de Pompéi ou d’Herculanum, les femmes revêtent des robes simples tenues par une fibule à l’épaule. La Rome impériale devient le modèle absolu sous Napoléon Ier, mais avec l’émergence du mouvement romantique dans les années 1830, ce style laissa peu à peu sa place.
Dans la peinture, dès 1760, ce mouvement se manifeste par l’adoption de plusieurs caractéristiques : les thèmes sont inspirés par l’Antiquité grecque ou romaine, les formes et lignes priment sur la couleur donnant ainsi l’aspect d’un bas-relief, la fréquente représentation du moment précédant l’action et de thèmes moralisateurs, souvent propagandistes. La peinture néo-classique est une réaction contre les excès ornementaux du rococo. Un des plus importants peintres de ce mouvement est Raphaël Mengs, notamment avec sa grande fresque du Parnasse pour la Villa Albani à Rome (1760-1760) où l’on reconnaît d’emblée le thème issu de l’Antiquité. En France, le chef de file de la peinture néo-classique est Jacques-Louis David, notamment dans les années 1780 : son œuvre majeure Le Serment des Horaces, présentée en 1785, sera considérée comme étant le manifeste pictural de ce style.
En architecture, ce mouvement s’exprime par l’adoption du vocabulaire de l’architecture antique (colonnes, frontons, proportions harmonieuses, portiques). La volonté de rupture par rapport au style baroque s’y retrouve notamment par l’adoption systématique d’un plan géométrique avec une simplicité des volumes et un décor sculpté réduit à sa plus simple expression. Cependant, l’usage d’ornements sculptés issus de l’Antiquité est préconisé notamment par le biais de frises de grecques, de rinceaux, festons ou palmettes. Les édifices français les plus représentatifs de ce style sont le Palais de Compiègne (à partir de 1751) ou l‘église Sainte-Geneviève de Paris (1764-1790), ou encore l’Arc de Triomphe du Carrousel du Louvre conçut par Charles Percier et Pierre-François-Léonard Fontaine (1807-1809).
Le style néo-palladien – s’inspirant du style de Palladio, un architecte vénitien de la Renaissance, qui concevait des villas à l’antique, selon l’esthétique des temples romains- prend son essor à la fin du règne de Louis XV et dure jusqu’au milieu du XIXème siècle. Le Petit Trianon notamment, construit par Jacques Ange Gabriel entre 1762 et 1768, le pavillon de musique de Madame du Barry à Louveciennes, l’hôtel de Salm à Paris, ou le château de Reynerie à Toulouse compte parmi les réalisations de ce style.
Dans les arts décoratifs, les courbes sont abandonnées, les lignes deviennent élancées, et les ornementations sont empruntées au vocabulaire antique. Le néoclassicisme est d’abord léger et élégant sous Louis XVI et le Directoire, en accord avec le raffinement de la société de cette époque. Il s’alourdit sous l’Empire et devient ostentatoire, et enfin il décline à partir de la Restauration.